On Ze road
Notre dernière soirée à Kawerau est mémorable: Sara, la fille qui va faire le Motu à cheval avec nous, amène de quoi faire un festin, et un ami musicien de Gerard vient nous dire au revoir. Il a l'air plutôt rock, mais il joue du shofar (une corne d'antilope) et dit une sorte de prière pour bénir notre voyage. Après avoir entassé nos hétéroclites bagages dans la roulotte, on prend la route sous l'œil bienveillant de Sheila, la gérante. On n'a encore jamais attelé mon Kiwi, qui bondi un peu quand il voit la masse de la roulotte bouger derrière lui, mais ses compagnons restent stoïques et on a à peine quitté l'enceinte du poney club qu'il est déjà calme et de tout coeur à la tâche. Il gagne le surnom de Wiki Wonder. Le premier jour se déroule parfaitement. Je marche à côté de la roulotte pour prendre quelques photos, et je suis surprise par la puissante de l'appel d'air des camions qui nous doublent, mais les chevaux n'ont pas la moindre réaction. Kiwi a un peu peur des flaques d'eau par contre! L'air de rien, en étant partis vers midi, on fait une cinquantaine de kilomètres. Le bivouac (à la Waimana Scenic Reserve) est idéal. Il y a de l'herbe haute et une rivière parait-il potable (elle serait magique et se purifirait elle-même au fur et à mesure). On y reste toute la journée du lendemain, à ajuster le matériel, tremper les pieds dans la rivière et discuter avec les gens qui viennent à nous (on voit les chevaux et la roulotte de la route). On y gagne une invitation à chasser le daim (je me fais même offrir quelques dents - y'a plus qu'à les monter en pendentifs!), un contact pour des treks à cheval en Australie, des canettes de Diesel (cola-bourbon) et une offre de rapatriement au chaud et au sec en cas de pluie prolongée. On est confiants pour le deuxième jour de voyage, mais le démarrage est bien plus difficile. Mister Bojangle, tel la diva qu'il est, a décidé de ne pas quitter le bivouac. Il faudra une heure de stimulation, de ruse et de patience pour lui faire entendre raison. Par contre, une fois que c'est parti, c'est parti, on avale même les montés au galop. On se rend compte en route qu'il manque un fer à Buba, et on doit taper dans nos fers de rechange. Après si peu de kilomètres! On croise une cavalière avec une gamine en croupe. Aussi incroyable que ça paraisse dans ce pays, ici les chevaux sont utilisés comme mode de déplacement. On sait qu'on arrive dans une région bien particulière, l'East Cape, très nature, où les gens vivent pas mal de chasse et de pêche et où il n'y a pratiquement aucune ville... Enfin on voit une crique, on est arrivés à l'océan. Notre second bivouac est encore plus merveilleux que le précédent, omission faite du panneau "camping interdit" - mais d'après les locaux en dessous de la semaine ça ne dérange pas vraiment. On est à côté d'une lagune, et on a tout le confort moderne: eau, toilettes. Et dans la lagune, à marée basse, on trouve des Pipis à profusion, les Pipis étant des sortes de Tuatuas, mais en plus petit. On mange donc des Pipis bouillis, de la salade de Pipis, et du "Pipi fritters", spécialité locale dont je dévoile le secret: des Pipis, de l'eau, des oeufs, du lait en poudre, de la farine, sel poivre, éventuellement du maïs, on mélange tout et hop à la poêle. On reste deux jours arrêtés au bivouac, parce que les chevaux en ont besoin, et aussi parce que quelqu'un propose de réaliser notre fantasme: souder du tungstène sur nos fers de rechange. Il s'agit de l'homme aux canettes de diesel, recroisé par hasard (c'est un peu la vie de quartier dans la région, tout le monde côtoie tout le monde). Il ressemble énormément à Gérard Depardieu, je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire, et je n'étais même pas la première! Il nous rend un tas de services, nous fais visiter le coin (magnifique), nous apprend à lancer le lasso (sur la bouteille de gaz située à trois mètres de distance - c'est déjà pas évident!). La recette du Pipi fritters, c'est lui! On fait plein d'autres rencontres, notamment une équipe de rugby des îles Fidji, très impressionnés par nos chevaux, bien plus grands que tous ceux qu'ils ont la bas (même Kiwi!). On repart cette fois-ci sans encombre, pour aller chez Jock Collier, un maori rencontré au magasin d'équitation et qui a proposé de garder notre roulotte pendant qu'on randonne à cheval sur la route du Motu... Il va être l'heure de se mettre en selle!
Ze Motu
Jock et sa femme Ann nous accueillent très gentiment, faisant de la place pour la roulotte, les chevaux et nous. On emménage plus ou moins dans leur garage, où on installe notre table de pique nique. Un cadre unique pour se restaurer! J'ai oublié ce que c'est d'avoir de l'eau chaude au robinet, c'est flagrant quand je demande étonnée a Gerard comment il a pu remplir deux récipients d'eau chaude en si peu de temps. Sa réponse: "tu vois le robinet avec le point rouge? Vous n'en avez pas en France?". En attendant Sara (qui ne viendra finalement pas), on referre les postérieurs de Wiki, car Gerard a remarqué que ses fers sont "fins comme du papier toilette". En fin de journée, Jock nous emmène faire une ballade dans la vallée, nous montrant au passage tous ses chevaux. Pour moi c'est le rêve total, montant mon cheval dans des paysages magnifiques, accompagnée de cavaliers locaux. Le lendemain, on part pour quatre jours à cheval sur la Motu road, chemin carrossable utilisé autrefois par les diligences. Une autre route a été construite depuis, mais la Motu road est toujours entretenue, pour le plus grand bonheur des cyclistes, motards et cavaliers, car elle serpente au milieu de magnifiques vallées perdues. On arrive à Toatoa, où habite Bob, un ami de Sara. On ne trouve pas sa maison, c'est lui qui nous trouve! Il nous annonce d'entrée de jeu qu'il a un bon pré pour les chevaux, de bons lits pour nous, et que le repas est sur le feu :) Il a des moutons, des vaches, des cochons, des canards, des chevaux, des chiens... Il fait beaucoup de randonnées à cheval, et nous montre quelque chose qui nous plait beaucoup pour attacher les chevaux: une ancre! Gerard décide de rester là, mais je veux aller au Motu, je continue avec Wiki. Au Motu, je m'installe à l'auberge, où je suis la seule cliente. Je me serai presque ennuyée si je n'avais pas rencontré Bron, qui m'invite chez elle pour le petit déjeuner, puis finalement à rester jusqu'au lendemain. Elle enseigne à l'école du village, qui compte dix élèves en tout (dont deux sont ses enfants). Son mari est un chasseur (des bois et des photos de sangliers décorent toutes les pièces de la maison), et toute la famille fait du cheval. Elle m'emmène voir des cascades. Sur le chemin du retour, on passe devant un bâtiment en plein effervescence pour cause de tonte. Il y a déjà quelques moutons qui font du nudisme devant l'entrée. J'ai le droit d'essayer et de tondre (une partie de) mon premier mouton, aidée par des conseils d'experts (c'est plutôt technique). Le Motu (et Bron) m'offre une autre expérience typiquement kiwi: planter des arbres dans une enceinte destinée à protéger des kiwis justement, ces gros oiseaux emblématiques du pays, qui ne savent pas voler. Ils sont en danger depuis que les colons ont introduit des prédateurs. L'enceinte est ultra sécurisée, on pourrait se croire dans le domaine bancaire, il y a un sas à l'entrée. Dans quelques années, ce qui était jusqu'à peu un champ aura retrouvé ses allures de bush. C'est agréable de retrousser ses manches pour cette cause. Je retourne à Toatoa, retrouve Bob, Gerard et Bo, puis nous rentrons chez Jock, contents de ce détour de 100 km. On y reste encore une journée, le temps de faire venir le dentiste équin, car je m'inquiète de voir Wiki mâchouiller toute la journée. Le dentiste confirme mes doutes: une dent trop longue était en train de percer la gencive opposée. C'est intéressant de le voir à l'oeuvre, et quel soulagement de savoir le problème résolu. En prime, il nous amène Olivia! On est prêts à repartir sur la côte.
D'Opotiki a Waihau Bay (par Olivia)
Nous partons de Omaramotu le lundi 9 décembre avec un arrêt à l'école primaire du village. Nous avons mis nos vêtements d'aventuriers et chanté des chansons dont une en francais :"A la volette" (merci Kamelott) et une inventée rien que pour eux par Yakov :"I'm so proud to be a kiwi" le tout sous le son de son bouzouki. Une soixantaine de jeunes kiwi nous écoutaient et à notre grande stupeur ont fait un haka en notre honneur. C'était superbe et impressionnant, les filles et les garçons avaient différentes chorégraphies et certains enfants y allaient à fond sur les expressions du visage. Alex en a versé une larme. La roulotte eut un succès certain. En route donc vers Hawai en roulotte. Nous sommes acceuillis par des fermiers amis de la fille de Yakov. Nous nous rendons alors compte que Wiki a perdu un fer ce qui inquiète pas mal Alexandra. Nous finissons par nous poser sur la plage avec les chevaux. Elle est Sublime et tranquile nous y restons une journée, histoire de faire un dernier tour à Opotiki (récupérer le repose pied pour le ferrage des chevaux) et aller à la rivière à 2 km de notre camp se baigner et faire la lessive. Alexandra décide de refaire le ferrage des pieds avant de Wiki et s' en charge avec talent. Mercredi 11 décembre nous partons vers la rivière Motu. Le chemin semble trop pentu pour la roulotte, nous devons trouver une idée. Nous optons pour un nouvel itinéraire la plage en prenant soin de partir dès la marée basse car après le chemin deviendra inaccessible. Je suis un peu sceptique sur cette solution cela va être ma première véritable montée à cheval, mais Bo me parait calme et semble apprécier d être monté. Yakov sera à cru sur Buba, Alex : Wiki et moi : Bo. C'est parti pour 12km, le trajet se passe bien, je tiens sur mon cheval, je semble garder le contrôle mais dès que nous quittons la plage difficile de lui demander de s'arrêter, peut-être a-t-il capté mon enthousiasme face à ce changement de paysage. Alex part devant Yakov et moi, en reconnaissance d'un point où camper. Nous nous arrêtons juste à coté du Motu bridge. Nous faisons un peu de stop Yakov et moi pour récupérer la voiture et la roulotte. Le jeudi 12, je décide de les attendre pour un nouveau trajet à cheval jusqu`au camping d'Omaïo. La plage nous appelle pour une superbe baignade dans le Pacific. Le lendemain, c'est parti pour Te Kaha en roulotte. On y va à fond et certains passants prennent des photos. Juste après Te Kaha et le pont, Wiki perd son fer lors d'un galop. Nous nous arrêtons et retrouvons le fer au milieu de la route. Nous perdons du temps, assez pour croiser Rangiwaka qui nous accueillera chez elle cette nuit. Rangiwaka (qui signifie messager pour Dieu) est une femme médecin maori, elle vit avec son mari wiremu (Guillaume en maori) et nous présente des membres de sa famille dont son oncle Tama (Garçon) qui a un don pour les chevaux. L'étape du lendemain nous amena jusqu'à Waihau Bay splendide nous nous enfonçons de plus en plus dans la campagne et la côte est néo-zelandaise. Manaia et son mari pêcheur nous reçoivent et en ce qui me concerne j'ai pu passer une journée à la rivière Raukokore avec eux et gouté à leur plat à base de snapper cru, citron, crème de coco et pomme... un délice! Le 15 nous arrivons au cap runaway accueilli encore par une super famille de fermiers, avec qui nous passons la soirée à chanter des chansons. Du bonheur pur... l'aventure est encore loin d'être finie même si pour ma part un départ vers Gisborne m'attend.
Une semaine completement kiwi
Yakov doit s'absenter quelques jours pour aller en ville, emmenant Olivia au passage, après avoir poussé la chansonnette au petit déjeuner pour mon anniversaire (ca y'est j'ai trente ans!).
Je reste chez les Kemp: Jim, pour qui l'élevage de moutons est une histoire de famille, sa femme Sally d'origine anglaise et leurs deux filles, Emily la plongeuse photographe et Harriet la
chasseuse chanteuse. Ils m'accueillent avec énormément de chaleur et de générosité, comme si j'étais un membre de la famille. Le soir, j'ai droit à "joyeux anniversaire" en maori et à un gâteau
au chocolat, geste et parfum qui me touchent beaucoup. Les deux premiers jours, je participe au rassemblement des moutons et au vermifugage des agneaux, avec Harriet comme coéquipière de
choc. Il faut les coincer dans un couloir étroit afin de s'en approcher et de leur mettre le produit dans la bouche. Au passage, on trie les moutons qui doivent être tondus. Immobiliser un
agneau relève parfois du corps à corps, mais quand c'est un mouton qu'il faut attraper et changer d'enclos, c'est carrément du rodéo. Je m'amuse bien, et je peux maintenant ajouter "gestion de
moutons" à mon CV.
On emmène les chevaux à la rivière qui coule juste derrière la maison. Jim est un bon cavalier (dans le temps il travaillait à cheval) et pour une fois le capricieux Bo trouve un peu de
répondant. Jim décide de l'emmener nager, alors que jusqu'ici je me contente de le faire marcher dans l'eau. Pour cette grande première, je me jette sur mon appareil photo, mais quand je
relève la tête, Bo a disparu. Je cherche l'arbre derrière lequel il aurait pu se cacher, mais la vue est bien dégagée. Puis à peu près au niveau de Jim, je vois émerger une mâchoire écumante,
puis deux oreilles couchées en arrière (signe de mécontentement chez le cheval). Bo rejoint le bord, visiblement furax. Jim remonte courageusement dessus, contre toute attente arrive à le
ramener à l'endroit où il a bu la tasse. Ce coup-ci, il nage! Jim apprends également à nager à Buba. Dommage que Wiki ait louppé le cours de natation, il était ce jour-là cloué
à l'enclos pour cause de fer manquant.
Alors que l'absence de Yakov se prolonge, les Kemps m'emmènent "plonger". On bascule derrière une colline en véhicule tout terrain et on a l'océan pour nous tous seuls. En prime, un cabanon tout
confort, avec douche chaude et petits gâteaux! On s'équipe de palmes masque tuba combi et ceinture de plomb, plus un sac pour ramener nos prises. Je reste à la surface, mais Jim et Emily se
baladent sans efforts apparents au milieu des poissons, ramenant des écrevisses géantes (pour ne pas dire des homards), des abalone ou paua, (spécialité du coin d'aspect assez étrange) et des
oursins. On échange aussi au passage une poignée de mains avec un énorme poulpe! Forcément on ne tardera pas à manger toutes ces bonnes choses, et on se régale d'autant plus que les Kemps
ont la cuisine dans la peau...
Alors que je pensais avoir fait le tour des activités extrêmement cool offertes par le coin, Glenis, une amie des Kemps, m'emmène couper des feuilles de "flax" afin d'en faire de la vannerie,
artisanat traditionnel maori. Elle m'explique qu'il faut demander à la plante la permission de se servir de ses feuilles, et préciser pour quel objet et quelle personne elles sont
destinées. Elle me montre aussi comment en extraire de la ficelle très solide, ce qui peut toujours servir.
Enfin, Harriet, 18 ans seulement mais chasseuse expérimentée, m'initie à la chasse. Elle m'emmène tirer sur des canettes, puis on attend la nuit et on part toutes les deux patrouiller le secteur
en quad. Avec une lampe puissante, elle balaye les alentours pour faire luire les yeux des animaux. Elle m'apprend à distinguer les moutons (aux yeux verts) des opossums (au yeux rouges). Je
débusque très bien les moutons, surtout quand on traverse leur enclos, par contre je ne repère aucun gibier. Heureusement Harriet est là! Après un ou deux tirs infructueux sur des lièvres, elle
tue un possum. On récupère ses poils, qui peuvent être vendus au kilo (il faut une vingtaine d'entre eux pour ça). La viande sera pour les chiens, ces veinards.
Bref, je passe un séjour extraordinaire chez les Kemps, entourée d'une famille extra et des chevaux, mais aussi de chiots, chiens, chats, moutons, vaches de compagnie...
We wish you a Maori christmas
Yakov revient en fanfare, avec des cadeaux pour les Kemps, pour moi et même pour Buba: des sacoches de bât faites main dans du sac à patate. On a hâte de repartir, surtout qu'on nous a indiqué comment rallier le prochain village sans emprunter du tout la route.
Seule inquiétude: les pieds de Buba et Wiki. Pour une fois, Bo se fait oublier, il marche avec une telle légèreté que ses fers sont comme neufs et ses sabots n'ont pas beaucoup poussé.
Les Kemps m'aident à trouver quelqu'un qui referre complètement Buba (sans être pour autant maréchal - il n'y en a pas dans le coin, trop isolé). Pour Wiki, c'est une autre histoire. Un de ses sabots était abimé lorsqu'on l'a acheté. Son fer a tenu jusqu'ici par miracle, mais a fini par arracher un bout de sabot, rendant impossible le referrage. Entre temps, nous avons été sponsorisés par Institute for Barefoot Equine Management (IBEM), qui a accepté de nous fournir des hipposandales ou "boots" à prix réduit. Pour une première utilisation, on n'y va pas de main morte: la première étape, de quinze ou vingt kilomètre, consiste à remonter la rivière Whangaparaoa, une alternance de pierriers et de gués. Je me détend petit à petit en constatant que la boot tient parfaitement en place, même dans l'eau et la boue. L'examen de la boot et du pied de Wiki à la fin de l'étape seront aussi réjouissants: les deux sont en parfait état! L'étape est magnifique, et se serait déroulée facilement si Wiki ne s'était pas embourbé jusqu'au ventre, assez longtemps pour me faire une belle frayeur! Heureusement il s'en sort sans rien (hormis une légère phobie de la boue).
On passe la nuit à Mohau chez Jobby et sa femme, rencontrés par l'intermédiaire d'un des chiots de Sally et Jim (qu'ils ont adopté et rebaptisé... Sally!). Il fait nuit noire quand on arrive, et grâce à leurs bons soins, on est bientôt nourris, douchés et au lit!
Le lendemain, 24 décembre, un très beau chemin carrossable doit nous emmener jusqu'à Te Araroa, village dont le nom signifie en Maori "le long chemin". Huit heures de marche plus tard, on en est encore loin et on décide de s'offrir comme cadeau de Noël notre premier vrai bivouac. L'idée me réjouit jusqu'à ce qu'on se rende compte que les sacoches de bât se sont discrètement vidées de leur contenu en chemin: il manque la toile de tente et la veste de Yakov, ainsi que mon sac qui contient une foultitude de petites choses aussi utiles que difficile à remplacer au pied levé (entres autres corde, lampe frontale, brosse à dent...). Refaire tout l'itinéraire en sens inverse est impossible à pied, et serait éprouvant pour les chevaux. On décide donc de se rapprocher de la civilisation et d'espérer un miracle de type 4X4. A quelques centaines de mètres se trouve Tarere (une ferme et quelques maisons). On n'y trouve pas grand monde en ce soir de réveillon. Il pleut jusqu'au lendemain, 25 décembre, mais il faut de la pluie et du soleil pour créer les arc en ciel. Notre rayon de soleil ce jour-là, c'est Matthew, un inconnu qui nous veut du bien, qui nous apporte des chocolats de toutes les couleurs! Il donne aussi sa veste à Gerard (c'est tellement épatant que ça mérite d'être noté) et lance des recherches pour nos affaires perdues. La journée est idéale pour tester mon réchaud à bois en conditions humides. Ayant seulement réussi à cuisiner des nouilles chinoises tièdes en deux heures d'efforts, on conclu que le peu de nourriture directement consommable qu'on a (oeufs durs, pain) va nous être très utile. C'est pourquoi, quand on découvre plusieurs cochons en train de la terminer et de s'attaquer (sans succès) à nos conserves, je décide que plus jamais je n'arrêterai de manger du porc! Il doit être 18h mais on décide de se coucher, n'ayant pas mieux à faire. On est réveillés peu de temps après par Matthew et sa femme Denise, qui nous amènent de quoi faire un festin: de la viande de daim aux petits légumes, des fraises, du gâteau et... Du jambon! (Il y a une justice). On est installés dans "l'abri à laine" (là où on tond les moutons), juste ce qui manquait pour faire de ce Noël un Noël vraiment spécial!
Le lendemain (26 décembre), Denise et Matthew qui sont devenus nos nouveaux anges gardiens nous ramènent chez les Kemps où traine encore un petit air de Noël...et un bon gâteau! Mais on n'est pas au bout de nos bonnes surprises: Jim propose de partir à la recherche de nos affaires grâce a son quad (une ballade qui doit approcher les soixante kilomètres). Et on les retrouve!
Autre surprise (mauvaise celle-ci): alors qu'on roule, la voiture tirant la roulotte, en direction de Tarere, la roulotte se casse et manque de perdre une roue! Gerard ne se démonte pas, en quelques secondes il sympathise avec les gens habitant la maison la plus proche, des maoris en pleine réunion de famille (l'occasion de tuer le cochon, un spectacle surprenant pour moi). On a la permission de laisser la roulotte chez eux et de camper (le lendemain on aura même droit à une douche et au petit dèj!). On continue vers Tarere où le propriétaire du pré qu'on occupe depuis deux jours, le beau-frère de Matthew, un passionné de cheval, nous accueille à bras ouverts. Il s'insurge presque qu'on soit allés dans l'abri à laine alors que sa caravane était ouverte, et nous laisse les clefs de chez lui au cas où on revienne pendant qu'il n'est pas là et qu'on voudrait se doucher!
Il accepte de garder nos chevaux pendant quelques temps et les met dans un très grand pré, tout vert, avec du trèfle (et des vaches). Nos trois chevaux en galopent de joie (même Buba qui d'habitude ne dépasse jamais le trot).
Après toutes ses émotions, je vais retrouver Fabienne, ma meilleure amie qui se trouve comme par hasard en Nouvelle Zélande, puis mon homme qui vient faire du tourisme (croit-il).